Ose briller

 

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Alexia était une enfant pleine de vie, comme le sont beaucoup d’enfants. Elle aimait jouer, sauter, peindre et chanter.

         Il semblait à Alexia que la vie était un jeu. Que tout était possible. Qu’il y avait tant à découvrir. Qu’elle allait drôlement s’amuser.

 

         Alexia a grandi avec un père à qui l’on avait appris qu’un homme ne doit pas montrer ses émotions. Qu’un homme ne pleure pas. Et il réussissait tellement bien à cacher ce qu’il ressentait qu’elle avait le sentiment de peu le connaître en vérité, bien qu’elle le vît tous les jours pendant des années.

         Sa mère quant à elle, avait appris qu’il fallait travailler dur pour s’en sortir. Issue d’une famille modeste, elle avait commencé très jeune à contribuer financièrement à la vie du foyer. Elle n’accordait pas de place à son plaisir, ni simplement à son propre bien-être et continuait de travailler une fois rentrée à la maison, souvent le soir après le dîner.

         Alexia tenait beaucoup à ses parents. Elle sentait bien qu’ils étaient intelligents et qu’ils avaient une forte expérience de la vie. Ils devaient donc avoir raison… Il devait être risqué tout compte fait de montrer ses émotions… On pouvait être trahi… à qui faire confiance au fond ?... Et puis on pouvait se trouver démuni du jour au lendemain. C’était bien arrivé à l’un de leurs voisins qui s’était trouvé au chômage… Il était donc essentiel de travailler dur, et dans un domaine où l’on soit sûr de trouver du travail.

         Peu à peu, presqu’imperceptiblement, la gaieté, l’entrain et la soif de découverte d’Alexia s’atténuèrent jusqu’à disparaître. Laissant la place au sérieux, à la rigueur, au contrôle et à la discipline.

 

         Alexia est devenue une brillante comptable qui gagne bien sa vie.

         Alexia est devenue une jeune femme introvertie, plutôt anxieuse et à qui son médecin vient de diagnostiquer un début de dépression.

 

         Lorsqu’Alexia me consulte pour la première fois en tant que psychologue (pour une séance de psychothérapie), elle me confie son rêve : « Vous savez, je fais parfois un rêve un peu fou… Je rêve que la vie est jeu. Que tout est possible. Qu’il y a tant à découvrir. Que je m’amuse drôlement. Mais c’est un rêve, pas la vie… ».

         Alors les questions émergent : où sont passés le chant, la danse et la peinture ? Où sont cachés la gaieté, l’entrain et la soif de découverte ?

Ils sont au fond, tout au fond d’Alexia. Ils se sont cachés, à l’abri des arguments qui visaient à les supprimer. Arguments de ses parents d’abord et de la société ensuite. Ils se sont préservés ! Tels des graines qui attendent seulement d’être arrosées pour pouvoir pousser à nouveau et fleurir. Offrir leur éclat au monde. Il suffirait qu’elle laisse exister et qu’elle arrose ce qui est en fait déjà là…

Pas si simple quand on a tant appris à s’empêcher qu’on ne se rend même plus compte ni qu’on s’empêche, ni comment on s’empêche…

Accepter de laisser vivre, s’épanouir son potentiel et ses talents, même s’ils ne sont pas conformes à ce que l’environnement nous apprend, c’est prendre un risque… Prendre le risque d’être soi, oser briller à notre manière nous expose au regard des autres.

 

         Lorsque le travail de psychothérapie aura porté ses fruits, certainement que les couleurs et l’éclat d’Alexia ne plairont pas à tout le monde. Évidemment qu’il y en a à qui elles plairont. Merveilleusement son audace d’oser briller inspirera et donnera peut-être le courage de faire de même à ceux qui ont un trésor caché de potentiel et de talents…

 

« Notre peur la plus profonde n'est pas que nous ne soyons pas à la hauteur,

Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toutes limites.

C'est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraie le plus.

Nous nous posons la question... Qui suis-je, moi, pour être brillant, radieux, talentueux et merveilleux ?

En fait, qui êtes-vous pour ne pas l'être ? Vous êtes un enfant de Dieu.

Vous restreindre, vivre petit, ne rend pas service au monde.

L'illumination n'est pas de vous rétrécir pour éviter d'insécuriser les autres.

Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous.

Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus, elle est en chacun de nous,

Et, au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même.

En nous libérant de notre propre peur, notre puissance libère automatiquement les autres. »

 

Marianne Williamson

lors du discours d'investiture de Nelson Mandela

à la présidence en 1994

 

 

 

Psychologue et psychothérapeute, Julie Blivet propose des séances de psychothérapie à Montpellier. Elle est formée à la Gestalt thérapie (une approche de psychothérapie humaniste et holistique) ainsi qu'à la psychologie clinique (Universités de Montpellier et de LIège), à la Méditation (MBSR, Mindfulness et Méditations actives).